Tarot de Marseille : l’arcane 12
le Pendu l’initié du printemps et la saint Jules
Le sacre du printemps
Le 12 avril commençaient à Rome les Jeux de Cérès, déesse de l’agriculture et des moissons. On célébrait le retour de Proserpine sur la terre.
Son nom contient la racine de l’inchoatif cresco, qui induit la croissance, et du causatif creare. Les jeux de Cérès ou Cerealia se finissent le 19 et sont organisés par les édiles de la Plèbe (c’est bien au peuple qu’est délégué le rôle de producteur dans les sociétés tripartites et à qui revient d’entretenir les cultes à sa caste).
Processions et jeux du cirque, précédés par des sacrifices qui n’étaient pas sanglants mais consistaient en offrandes de plats ou d’objets (des porcs, symboles de prospérité, en or et en argent) en font partie.
Les plébéiens, qui avaient été reçus par les patriciens lors des jeux Megalenses, les invitaient à leur tour. Il est donc question d’amitié, d’unité, d’amour et d’échange et d’unité dans la différence, de passer du 2 au 3 et du 3 au 4.
La Saint Jules
Rester dans le 2 donne 3 et dans le 3 en 1, c’était la tâche de Saint Jules, pape au 4ème siècle et qui a à se coltiner l’« hérésie » arienne, doctrine qui professait la perfection du Christ mais non sa divinité.
Contre ce monothéisme rationaliste, lui qui a été élu évêque de Rome après quelques mois de vacance, l’année de la mort de l’empereur Constantin, il soutient ce qui deviendra le dogme du mystère de la Sainte Trinité.
Sainte Trinité qui se love dans le 12 (n’est-ce pas que 1+2 =3, encore ?) que nous présente cette carte du Tarot de Marseille qu’est la lame du Pendu.
Le Pendu, édition Camoin Jodorowsky
Le Pendu : l’arcane 12 – une lecture
Celui-ci est le grand pélican, à la fois alambic des alchimistes et figure du Christ (qui est parfois symbolisé par le palmipède) et de son énergie d’amour inconditionnel.
C’est l’artiste de corde, le fœtus qui, une fois retourné, donnera l’être total, le danseur cosmique de la carte du Monde, inscrit dans la mandorle de la lame 21. Sainte Trinité qui dans le nombre 12 (qui est 30) est reliée aux 12 apôtres, aux 12 tribus d’Israël, aux 12 travaux d’Hercule, aux 12 mois de l’année. Et 12 contient le tarot (puisque si on additionne les chiffres de 1 à 12, on obtient 78, ce qui est le nombre total de cartes du tarot de Marseille.
Ne pas répondre à l’arianisme, c’est conserver le sacré en acceptant la conversion aux mystères de la foi. C’est échapper au dualisme, à la dialectique vide d’une binarité sans détail, c’est éviter aussi la chance de la possibilité de la naissance du Tao… avec tous ses degrés et toutes ses nuances.
Si vous voulez en savoir plus sur la figure de ce Dieu noyé, rendez-vous sur le déroulement des cours de Tarot.
Le pape Saint Jules au concile de Sardique, vitrail de Charles Lorin (1900, église de Milly-la-Forêt)